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FÉDÉRATION NATIONALE OVINE. Un congrès riche en échanges et interventions

Les 7 et 8 septembre, la FNO était en congrès en Haute-Loire. Un rendez-vous professionnel qui a permis de passer en revue les problématiques et les enjeux cruciaux qui conditionnent l'avenir de l'élevage ovin en France.

Un congrès auquel ont participé 150 congressistes venus de toute la France.
Un congrès auquel ont participé 150 congressistes venus de toute la France.
© @DR

Des congressistes heureux, c'est ce que l'on pouvait lire sur les visages des participants à l'issue du congrès de la FNO qui se tenait les 7 et 8 septembre dans notre département. C'est donc une mission réussie pour les organisateurs : la FDO de Haute-Loire (Fédération départementale Ovine), la FDSEA, les JA et l'ensemble des structures départementales qui ont oeuvré pour la réussite de cet événement national (Chambre d'agriculture, Cerfrance Hte-Loire, GDS 43, APIV Auvergne et Copagno) ; un moment important fait « d'échanges privilégiés entre régions et départements qui nourrissent les choix stratégiques de la FNO » comme l'a rappelé le président de la FDO et de la FDSEA, Claude Font, en ouverture du congrès.

Après la découverte de la filière ovine altiligérienne au travers de 4 circuits de visites la veille, les 150 membres du réseau de la Fédération Nationale Ovine et les nombreux invités se sont retrouvés en matinée dans les locaux du Conseil Départemental de la Haute-Loire pour l'assemblée générale statutaire de leur structure et échanger sur le thème de la contractualisation à l'aide d'une table ronde (voir page encadré).

Prédation : le dossier qui fâche
Les grands dossiers syndicaux étaient au coeur de ce congrès, à commencer par le thème de la prédation pour lequel les responsables FNO n'ont pas manquer de marteler l'incompatibilité entre un élevage dynamique et pérenne et une prolifération de loups, ceci avec l'appui général des élus et des représentants de l'État qui sont intervenus. Sur ce dossier, la présidente de la FNO Michèle Boudoin a réaffirmé « la primauté du pastoralisme et de l'élevage sur l'ensauvagement » avant d'ajouter que chaque année, ce sont plus de 10 000 brebis qui sont tuées par le loup dans notre pays. Dès lors « on peut dire que la directive Habitats portée par l'Union Européenne est un franc succès » lance la présidente non sans amertume avant de demander au gouvernement de mettre en place une politique en faveur des éleveurs ovins. Du côté de la Région, même discours : « On dénombre 4000 attaques dans notre région, c'est trop ! Je suis convaincu que les loups sont trop présents en effectif. C'est pourquoi à la Région nous avons lancé un comptage des loups » a indiqué Emmanuel Ferrand conseiller régional et agriculteur dans l'Allier. Un message appuyé par son président Laurent Wauquiez intervenu en vidéo.

Quant à Yannick Fialip, membre du bureau de la FNSEA qui représentait la présidente Christiane Lambert, a attiré l'attention sur ce que coûte le loup à la France : « Le budget dédié à l'aide ovine a baissé et dans le même temps, on a augmenté le budget prédation, ce qui veut dire que la souveraineté alimentaire du loup est plus importante que celle des Français ! Sur 10 ans, le loup a coûté 35 millions d'EUR... Arrêtons de financer la prédation et prélevons les loups ! ».

Jean-Paul Celet, Préfet référent du Plan national loup, a signalé une prédation en croissance en 2022 en Aura et a annoncé la mise en place de mesures spécifiques pour les nouveaux territoires de prédation dont fait partie la Haute-Loire, avec le Cantal et la Lozère. Toujours sur la prédation, Claude Font a signalé le changement de comportement du vautour, qui s'attaque à des animaux vulnérables et vivants et demande à l'administration de cesser son déni.

Libre-échange
Les éleveurs ovins doivent affronter un autre fléau avec le grand retour des accords de libre-échange. Michèle Boudoin a dénoncé le récent accord conclu avec la Nouvelle Zélande qui accorde des contingents supplémentaires à ce pays tandis qu'elle regarde avec beaucoup d'inquiétude les futurs accords (Australie, Royaume-Uni-Nouvelle Zélande). « Le gouvernement doit mettre fin à cette course au libre-échange sans règle ! » lance-t-elle. La sécheresse, grosse source d'inquiétude de la profession au regard de la décapitalisation massive qu'elle risquerait d'entraîner, mobilise également la FNO. Le Ministre de l'Agriculture, Marc Fesneau intervenu au moyen d'une vidéo a assuré la pleine mobilisation du gouvernement en faveur d la filière ovine et en particulier sur ce dossier.

La FNO se préoccupe également de la laine issue des troupeaux, une matière très mal valorisée et qui fait l'objet au niveau national d'un projet collectif « Tricolor » dans laquelle la FNO est impliquée. « Ce projet qui vise à valoriser les laines et à structurer la filière, devrait permettre, dans un premier temps, de couvrir au moins les frais de tonte des éleveurs avant d'aller plus loin » signale le rapport d'activité de la FNO.

Le défi du renouvellement des générations
Durant ce congrès, il a également été question de renouvellement des générations considéré comme un véritable défi par la FNO qui entend engager un travail sur les attentes des futurs éleveurs. Au cours de son intervention en visio en direct des Terres de Jim, Guillaume Cabot, vice-président de Jeunes Agriculteurs, a signalé la rédaction d'un livre blanc par son syndicat sur la transmission des exploitations. Mais pour pérenniser les exploitations, le responsable compte sur les prix et la contractualisation rendue obligatoire par la loi Egalim 2. Un thème important qui a fait l'objet d'une table ronde.

Véronique Gruber

>> Retour sur la table ronde du 75ème congrès de la FNO
"La contractualisation donne des perspectives d'avenir à notre métier"

L'un des grands temps forts de ce congrès fut la table ronde qui s'intéressait aux enjeux et perspectives de l'application de la contractualisation obligatoire en ovins lait et viande. La FNO avait invité Alexandre Saunier, membre du bureau FNO, Jean-François Cazottes de France Brebis Laitière, François Monge de la coopération agricole, Emmanuel Fontaine des OPNC (Organisation de Producteurs Non Commerciales) et deux experts techniques (Théo Gning et Vincent Bellet). Un intervenant manquait, celui qui représentait la distribution... Une absence remarquée et jugée peu surprenante en cette période d'application de la loi égalim 2... Rappelons que la loi s'appliquera dès le 1er octobre 2022 en lait de brebis et dès le 1er janvier 2023 en viande ovine
Alexandre Saunier a rappelé toute l'importance de cette loi qui vise « une amélioration du revenu et de la qualité de vie des éleveurs ». Alors certes, « le changement fait peur, aux éleveurs comme aux opérateurs d'ailleurs. Car c'est un gros changement dans les habitudes de commerce ».
Du côté de la coopération agricole, la loi Egalim 2 va dans le sens du travail des coopératives : « il nous suffira d'intégrer les indicateurs dans les contrats dont disposent déjà les agriculteurs et de faire évoluer le règlement intérieur des coop » explique François Monge. Quant aux OPNC, Emmanuel Fontaine signale une certaine crainte à l'égard des contrats « mais le contrat existe déjà dans certaines filières. Ce sera donc une simple formalisation ».
En ovins lait, la contractualisation existe déjà à hauteur de 70%. « La loi a donc été accueillie plutôt favorablement. A l'heure actuelle nos coûts de production explosent (+150 EUR/1000 L), il est donc capital de pouvoir bénéficier de cette loi ! » affirme Jean-François Cazottes qui annonce la préparation d'un guide des bonnes pratiques contractuelles pour accompagner les acteurs de la filière dans sa mise en oeuvre.

DÉROGATIONS
La FNO entend par ailleurs demander quelques dérogations à la contractualisation obligatoire pour certaines catégories d'ovins (plus de 12 mois (réformes), pour les chiffres d'affaires inférieur à 200 000 EUR, pour les ovins de moins de 12 mois qui partent pour la boucherie/engraissement, pour les petits lots d'agneau dont le chiffre d'affaires est inférieur à 5 000 EUR). Sur ce point Yannick Fialip, membre du bureau de la FNSEA et grand témoin de cette table-ronde, a conseillé « de ne pas trop déroger à la contractualisation sinon tout fonctionnera comme avant ! ».
La contractualisation qui prévoit la fixation d'un prix en marche avant en intégrant les coûts de production permettra de mieux rémunérer l'éleveur. Et en la matière, la FNO défend un revenu atteignant 3 SMIC.

Egalim 2 rend le contrat obligatoire mais ceux qui passent outre seront-ils sanctionnés ? Un jugement récent intervenu en bovins lait montre que les sanctions pourraient tomber « à l'image du groupe Savencia condamné à 26 millions d'euros de pénalités pour non-respect de la loi » explique Yannick Fialip. D'autre part dans le cadre d'un contrat, le prix de la matière première agricole ne pourra pas faire l'objet d'une négociation entre industriels et distributeurs ; une forme de sécurité pour l'amont. Enfin, la FNO a confié sa volonté de pouvoir établir à terme des contrats tripartites, jusqu'au distributeur.

LE CONTRAT : UN OUTIL À SAISIR
Tous les intervenants se sont accordés sur la nécessité de contractualiser et ont encouragé les éleveurs à saisir cet outil à disposition. « Dépêchez-vous de contractualiser car, demain, je suis sûr que l'on va vivre une pénurie de viande ! » a confié le grand témoin.
« Notre métier a un prix. Si on veut pérenniser la filière ovine, on aura besoin des nouvelles générations d'éleveurs, de perspectives et de stabilité. Or la contractualisation donne des perspectives d'avenir à notre métier » a conclu la présidente de la FNO, Michèle Boudoin.

Véronique Gruber

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