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La pluie annoncée ne reverdira pas les trésoreries...

C’est une session de rentrée résonnant des échos des crises multiples qui frappent l’élevage qui a réuni vendredi les élus de la Chambre du Cantal.

Prix du lait, des broutards, campagnols, sécheresse : “L’élevage cumule toutes les difficultés”, a souligné Patrick Escure.
Prix du lait, des broutards, campagnols, sécheresse : “L’élevage cumule toutes les difficultés”, a souligné Patrick Escure.
© P.O.

Dire que la pluie - qui s’est exilée cet été vers des latitudes inconnues - est attendue des agriculteurs cantaliens est un doux euphémisme. Partout dans le département, les vertes prairies ont pris des allures de paillassons roussis et bien souvent, on a dû se résoudre à affourager en piochant sur des stocks qui, dans les secteurs toujours sévèrement frappés par le fléau des rats taupiers, ont encore fondu comme neige au soleil. On a dû aussi anticiper la descente des animaux d’estives, et certains éleveurs font état de problèmes d’abreuvement. Plus au sud, là où les ensilages de maïs ont débuté, les chutes de rendement se conjuguent avec une qualité médiocre. Les trombes d’eau annoncées à partir d’aujourd’hui devraient certes faire du bien au moral, mais économiquement, le mal est fait et les aléas du climat creusent un peu plus des trésoreries passées dans le rouge depuis de nombreux mois qu’on soit en lait ou en viande.

Trésoreries à sec

Et s’il est prématuré d’envisager une procédure de calamités agricoles, avec des pertes qui pourraient ne pas atteindre les 30 % requis, “vu la situation des prix et la durée de la crise, on va demander des mesures liées à la sécheresse”, a annoncé vendredi Patrick Bénézit (FDSEA) lors de la session de la Chambre d’agriculture.  “Dans la situation économique de l’agriculture cantalienne, où on cumule toutes les difficultés, des taux de pertes, même à 10 ou 20 %, ne sont pas supportables”, a renchéri Patrick Escure, président de la Chambre. Dans une motion proposée par la FDSEA et adoptée à l’unanimité des membres et syndicats, la profession a donc sollicité l’exonération intégrale de la taxe sur le foncier non bâti (TFNB), ainsi que le règlement en urgence du solde des aides Pac 2015, toujours en souffrance, plus de 15 mois après l’échéance de la période des déclarations. “C’est inadmissible que nous ayons de tels retards de paiement”, a fustigé le président de la FDSEA, jugeant ces délais et les affres de la mise en œuvre calamiteuse de la nouvelle Pac d’autant plus dommageables qu’ils altèrent la portée d’une réforme pourtant favorable aux zones d’élevage du Massif central.  Dans son intervention, le secrétaire général de la préfecture, Michel Prosic, a indiqué que 3 325 dossiers 2015 étaient réglés sur les 3 445 éligibles, tout en reconnaissant que cette centaine de dossiers en instance, “c’est toujours trop”. Surtout que certains, a rappelé Benoît Aurière (JA), concernent des jeunes récemment installés qui sont aujourd’hui dans une sécurité financière totale. Un même dispositif d’ATR (avance de trésorerie remboursable) est annoncé pour les aides 2016, dont 90 % seraient versés aux demandeurs mi-octobre 2016, a fait valoir le DDT. Ce qui correspond au calendrier d’une année standard, a glissé en aparté un éleveur.

Rapport de force

Au-delà de ces besoins de trésorerie devenus vitaux pour beaucoup, il a aussi largement été question de prix agricoles (lire aussi en page 5) et de relations détestables au sein des filières françaises. “Les négociations entre la profession et l’aval ne fonctionnent pas, on a des espoirs par rapport à la loi Sapin, malheureusement, pour l’instant, il faut toujours revenir à des actions (NDLR, syndicales), au rapport de force”, a déploré Joël Piganiol (FDSEA). Tandis que Louis-François Fontant jugeait aberrant qu’en 2016, le niveau des relations avec Lactalis ou Carrefour soit “moyenâgeux. C’est aux pouvoirs publics de redonner un pouvoir de négociation aux producteurs”.  Et pas question d’en rester à des doubles discours intenables de la part de l’exécutif, du législateur ou des candidats à la présidentielle. “Il va falloir des engagements fermes et définitifs de tous les candidats qui vont venir chercher nos voix”, a lancé le patron de la FDSEA.  Un gouvernement jugé coupable d’inertie alors que l’ouverture de nouveaux marchés à l’export s’impose comme une nécessité au vu du début de la campagne du broutard, sous pression d’un “consortium italien”, et d’un marché de la viande qui pourrait rapidement se retrouver engorgé par des sorties surnuméraires de vaches laitières et les effets de la sécheresse en France. “Au lieu de donner des leçons au monde entier, on ferait mieux de faire un peu de commerce pour redresser la situation économique des exploitations”, a une nouvelle fois exhorté Patrick Bénézit. Une situation qui a amené la profession à demander dans une seconde motion, elle aussi votée à l’unanimité, l’instauration d’un mécanisme d’intervention publique et plus globalement de vraies mesures de régulation - en lait comme en viande - à l’échelle européenne.

 

Plus d'infos à lire cette semaine dans L'Union du Cantal.

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