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Le loup en Corrèze : la détresse des éleveurs ovins

PREDATION. Le loup a refait son apparition sur le territoire corrézien il y a déjà quelques années. De suspicions devenues certitudes, le monde agricole cherche à se défendre pour continuer à produire sereinement.

L’ambiance devient tendue sur tout le nord du département de la Corrèze, avec des attaques de loups qui deviennent récurrentes. Les cellules « Loup » mises en place par les autorités n’apportent guère de solutions et les budgets gigantesques attribués à sa gestion, « pourraient être utilisés dans des projets plus utiles », comme l’a rappelé à l’occasion de ses vœux la semaine dernière, le président de la Chambre d’agriculture, Tony Cornelissen.

Pendant les tergiversations des services « compétents », le loup se multiplie, ses attaques aussi, son territoire s’agrandit, et les brebis tuées sont de plus en plus nombreuses. Les agriculteurs vivent dans la peur constante de perdre des animaux, et le constat d’une bête morte, ou, dans le meilleur des cas, égorgée, donc condamnée, le matin au réveil de l’exploitation, ne facilite pas une vue à long terme sur la gestion de leur atelier.

C’est pourquoi, votre journal se penche sur la situation pour faire le point avec les acteurs qui ont bien voulu nous parler. Tout d’abord, ce sont trois agriculteurs, au cœur de la problématique qui nous ont accueilli. Puis l’OFB nous a documenté sur l’aspect technique, en nous précisant les comportements du loup, et les meilleures méthodes pour le repérer et s’en protéger, en précisant les réflexes à avoir lors du constat d’une attaque.

Enfin, les acteurs du monde agricole ont manifesté leur mécontentement en refusant de participer à la « cellule loup » du vendredi 13 janvier, l’UP vous dit pourquoi.

La peur règne sur les pâtures

Valentin Paillard, installé depuis 2016 à Sornac sur le plateau de Millevaches, possède 280 brebis limousines. Il n’a pas encore été attaqué, mais le loup a déjà commis ses méfaits pas très loin, à 2-3 km à vol d’oiseau vers Chavanac. L’angoisse monte. Il a donc investi il y a un an, en temps et en argent dans deux patous. En argent, « parce qu’un chien de 2 mois coûte 500 €, et en temps, parce qu’il faut le dresser, lui apprendre l’attachement au troupeau, le respect des animaux, et le respect des personnes amies. L’instinct de l’animal fera le reste » précise-t-il. Le chien peut menacer la sécurité des personnes qui passent près des pâtures. Valentin Paillard prévient : « Il faut éduquer les gens, les locaux d’abord, mais avec eux, il n’y a pas de problème, ils comprennent bien les enjeux. Ce sont surtout les touristes qu’il faut informer, avant leur randonnée, et pendant, avec un affichage spécifique ». Chez lui, les brebis sont dehors du 15 avril au 1er novembre, ce qui laisse suffisamment de temps aux prédateurs de faire leur marché.

Jean-Baptiste Seib quant à lui possède 500 brebis limousines qu’il élève en Gaec avec sa mère et son oncle. Entre fin 2021 et fin 2022, ce sont 50 bêtes qui sont mortes. « L’OFB a du mal à reconnaitre le loup. Le nombre d’attaques est quand même très important » nous indique-t-il.

Gérard Moratille est installé depuis 1986, aujourd’hui en GAEC avec deux de ses fils. Ils élèvent 400 brebis limousines, qui pâturent principalement dans les tourbières et les landes, en coopération avec le CREN. En 2022, les attaques ont commencé dès le mois de juin, avec une brebis tuée et mangée. Entre lutte et insémination, la moitié du troupeau était constitué de brebis pleines, ce qui nécessite maintenant de garder 200 brebis. A cause du déplacement hors tourbière, en plus des dégâts à la suite de la sécheresse, il faut investir dans une centaine de tonnes de foin., ce qui n’est pas négligeable en investissement, ni en travail supplémentaire.

Quelles protections

« Le patou fait bien son travail, mais ne peut protéger tout le troupeau. Il faut bien se dire qu’avec le chien, on limite les dégâts, mais on ne peut éviter totalement les attaques ». Aujourd’hui, les moyens à disposition des éleveurs, et qui sont en partie subventionnés, sont l’achat de chiens de protection avec les risques inhérents à la sécurité des personnes, et la mise en place de clôtures, en partie électrifiées par ajout de fils en bas, et en haut du dispositif. Jean-Baptiste Seib tempère l’efficacité des clôtures : « Mais le loup passe quand même, et attaque, même en sautant des clôtures électrifiées de 1,90m ! Il saute très haut. La technicienne du CREN n’y croyait pas et pensait qu’il y avait une faille. Après vérification, il n’y avait aucune faille. Le loup a bel et bien sauté ». Il ajoute : « Les clôtures sont un gros investissement, certes, nous avons des aides du CREN, mais cela nécessite 300 heures de travail pour les installer et couvrir 30 ha, ce qui n’est pas rien ».

Valentin Paillard continue : « On protège d’abord les brebis qui boitent, les plus faibles sont bien sûr les plus visées par le loup. Il faut un troupeau bien équilibré, bien constitué pour que la protection soir maximum », bien que cette dernière ne soit jamais totale. Jean-Baptiste Seib quant à lui, à une analyse bien différente : « Lors d’une attaque le 22 août dernier, 4 brebis pleines ont été tuées. Toutes indemnisées, mais cela montre, qu’il ne s’attaque pas forcément aux faibles, mais aux grosses. Dans le lot, nous avons eu 6 avortées, non indemnisées ». Les protections ne sont visiblement pas efficaces à 100%. Et Jean-Baptiste nous raconte ce qu’il lui est arrivé : « J’avais réuni les brebis dans un enclos à 5m des maisons, avec un chien de protection de deux ans et demi. Le troupeau a été attaqué quand même, il n’a pas eu peur des maisons et de la présence humaine. Il est capable de veiller et de comprendre les allées et venues pour pouvoir attaquer au meilleur moment ».

Gérard Moratille témoigne : «  Cet automne, sur les regains, les brebis étaient clôturées avec un filet de 90 cm et un fil électrique. J’ai eu 4 tuées et deux de mangées, ce qui me fait penser qu’il n’y a pas qu’un seul loup, mais au moins deux sur le territoire ». Il continue : « Il y a bien eu des caméras installées par le par cet l’OFB pour surveiller les allées et venues du prédateur, mais elles ont été volées, on ne sait pas par qui ». En effet, ces vols ont été confirmés par l’OFB, qui ne peut dire « qui » a commis les larcins. L’exploitant se livre : « Le CREN se dit désolé de voir une telle situation, car nos brebis entretiennent les espaces naturels. Elles sont en bergerie en ce moment, mais lorsque je les sortirai en mars, il faudra installer des filets plus hauts, et un fil électrique au-dessus. Je ne veux pas de patous, car il en faudrait au moins 7 pour protéger tout le troupeau. L’idéal, ce serait d’avoir un ou plusieurs bergers d’Anatolie, qui sont capables d’attaquer le loup, mais ce serait un danger trop grand pour les touristes et les locaux de passage. Aujourd’hui, je sais que la plupart des propriétaires de chiens ont des ennuis avec leurs chiens et les touristes, c’est compliqué ».

Quant aux indemnisations…

Valentin Paillard nous parle aussi de l’indemnisation : « Nous sommes indemnisés pour chaque brebis tuée… à condition que l’on retrouve la boucle ce qui n’est pas toujours le cas. Mais il y a un problème dans personne ne parle : en période de lutte, nous sommes à 70% de fertilité. En cas d’attaque, celle-ci tombe à 30%. Vous produisez 100 agneaux au lieu de 300, et cette perte n’est pas indemnisée. Sans compter le travail à faire sur le troupeau après une attaque pour apaiser chiens et brebis qui sont traumatisés. Cette perte-là n’est pas chiffrable ».

Jean-Baptiste Seib concède : « Mon ressenti, c’est que des éleveurs, soulagés par les indemnisations, s’écartent du combat. Mais les aides ne sont pas pérennes ». Mais il n’y a pas que les animaux tués qui sont indemnisés, des subventions existent également pour s’équiper en chiens de protection : « Un chien coute autour de 800 euros (au-delà de 2 mois NDLR), il est subventionné à 80% avec un plafond de 500€ par chien » rappelle-t-il.

Les attentes des éleveurs pour pouvoir produire sereinement

Valentin Paillard veut plus de clarté : « Il faut pour commencer, une reconnaissance de la volonté politique de l’introduction du loup, ensuite, s’il y a beaucoup d’attaques, il faut pouvoir tirer ». Sur ce dernier point, nous nous devons de préciser que des tirs de prélèvement ont bien lieu, y compris en Corrèze, voyez à ce sujet, page suivante, les explications du chef de service de l’OFB.

Mais il faut aussi penser que « lorsque les ovins seront suffisamment protégés, les loups iront prédater les bovins. C’est pourquoi, les éleveurs devraient s’organiser entre eux pour réclamer des moyens plus élevés pour se protéger activement, c’est-à-dire par des prélèvements » prédit-il.

Gérard Moratille quant à lui avance plusieurs pistes : « Il faut un statut du chien de protection pour améliorer la sécurité sur les pâtures, tout en faisant de la pédagogie pour les personnes utilisatrices des chemins de randonnées. Il faut aussi modifier le statut de la convention de Berne, sans cela, nous ne pourrons pas aller plus loin ». Et quand on lui parle de prélèvements, il va plus loin encore : « la régulation, je n’y crois pas, il y a 2000 loups en France (NDLR : chiffres non conformés par l’OFB qui situe plutôt la population autour de 900 bêtes) ». Mais alors, qu’elle serait la meilleure protection ? Gérard Moratille, n’est pas optimiste malheureusement : « Il faut vendre les brebis, faire de la vache à la place, et mettre en place des bâtiments pour faire vêler à l’intérieur ».

De l’avis de tous les agriculteurs rencontrés, la détresse est grande, la peur présente, les attaques une réalité, les nuits difficiles, quand on sait qu’on peut trouver de nouveaux cadavres aux premières lueurs du jour. Qui pourrait travailler dans de telles conditions ? Quel patron d’entreprise pourrait envisager de retrouver son entreprise saccagé un bon matin, et continuer de dormir tranquillement ? Personne ne le peut. Les agriculteurs confrontés aux crises qui se succèdent, économiques, climatiques, politiques, n’en peuvent plus, et appellent à l’aide. Aujourd’hui, « les cellules Loup ne donnent rien » de l’avis général, les autorités restent sourdes à la détresse des éleveurs.

La demande des acteurs de l’agriculture en général, et de la filière ovine en particuliers sont unis pour tenter de faire bouger les choses, et c’est d’ailleurs la raison pour laquelle, ils ont boycotté la « cellule loup » de vendredi dernier. Un lourd dossier à suivre…

Véronique Legras

Interview de Gilles Gorceix, chef du service départemental de l’OFB, à Tulle.

UP19 : que sait on aujourd'hui du loup ?

GG : Nous savons sans doute déjà pas mal de choses sur la biologie et l'éthologie de cette espèce, mais beaucoup reste à découvrir. D'ailleurs, le Ministère de la Transition Ecologique et Solidaire et l'OFB ont mis en place, à disposition des publics, un site internet intitulé "LoupFrance" sur lequel on peut trouver de très nombreuses données disponibles, avec des vidéos, des photos, des cartes et des données techniques. Chaque jour nous en apprenons davantage avec les nouveaux éléments collectés : constats divers, relevés de traces, signalements, photos et vidéos du PNR, de la Fédération départementale des chasseurs et également avec nos propres caméras.

En Corrèze, nous n'aurions qu'un seul animal, un loup gris. Nous le connaissons désormais "assez bien" ; il a été identifié sur plusieurs photographies et vidéos, et les éléments collectés depuis maintenant un peu plus d'un an nous permettent de penser qu'il s'agit à chaque fois du même individu. La Corrèze se trouve sur le front de colonisation de la population française, issue de l'Italie et de l'arc alpin, et ce loup a sans doute quitté sa meute d'origine à la recherche de son propre territoire. Dans une meute, seul le couple dominant, traditionnellement appelé  "couple alpha" peut se reproduire, et pas les autres individus. Au fur et à mesure que la meute grandit, jusqu'à constituer le plus souvent un groupe de cinq à dix loups, certains en sortent, s'émancipent et partent à la recherche de leur propre territoire... Il faut préciser que le territoire d'un loup peut atteindre jusqu'à 300 km², et qu'un animal peut se déplacer sur plusieurs dizaines de kms chaque jour...

UP19 : Pourquoi le loup tue-t-il plusieurs bêtes pour souvent n'en manger qu'une ?

GG : C'est dû à ce que l'on appelle un réflexe de prédation, présent chez pratiquement tous les prédateurs : il chasse et mord toutes les proies affolées autour de lui et à sa portée. La proie capturée et le plus souvent mordue au cou jusqu'à étouffement et hémorragie du fait de l'écrasement et la rupture des artères... Parfois, le coup porté n'est pas létal, et la proie s'échappe... Il va donc....

UP19 : A-t-on les moyens de s'en protéger ?

GG : Des moyens de protection existent, mais c'est difficile et rarement parfait. C'est un animal sans doute très intelligent et d'une agilité remarquable. En revanche, contrairement à certaines croyances, il ne va pas "épier l'humain" pour savoir et comprendre ses allées et venues et calculer son plan d'attaque : cela ne va pas jusque là. Les patous, ou autres chiens de protection, sont sans doute l'une des bonnes solutions, mais dans notre région le phénomène étant encore assez récent - à peine un an de présence du loup - les chiens de protection qui ont été intégrés au sein des troupeaux, souvent jeunes, ne sont encore pas assez efficaces et totalement prêts, comme on peut en connaitre dans les alpes ou d'autres régions... De plus, les troupeaux sont souvent organisés en divers lots, dispersés sur des parcelles de prairies imbriquées parmi des massifs boisés, ce qui implique de disposer de plusieurs chiens et ne facilite pas le travail de protection... Et puis, attention, il existe aussi des attaques de chiens errants, mais aussi des consommations post-motem par d'autres animaux de la faune sauvage tels que renards, blaireaux, sangliers etc...

UP19 : Quelle marche à suivre quand l'éleveur découvre une attaque de bon matin ?

GG : Il faut appeler l'OFB au 05 55 26 48 15, et penser à protéger les dépouilles - à l'aide de bâches par exemple - pour éviter la surconsommation par des charognards... Nous nous déplaçons systématiquement pour réaliser des relevés d'éléments techniques, dans un délai maximal de 48 heures après le signalement, conformément à un protocole très précis élaboré par le réseau loup. Des spécialistes procèdent ensuite à l'analyse de nos relevés et déterminent si l'attaque de loup est "non exclue" ou totalement écartée. Tous les dossiers sont également transmis à la DDT ; C'est elle qui instruit ensuite les procédures d'indemnisations lorsque les prédations ont été analysées comme loup non exclu...  Au delà les constats de prédation, nous nous déplaçons également sur divers signalements évoquant la présence éventuelle du loup, comme la découverte de traces, de poils, de déjections, même si, dans ce dernier cas, aucune déjection découverte en Corrèze n'a été identifiée comme appartenant au loup.

UP19 : On entend ci et là que les tirs de prélèvement ne sont pas correctement effectués, ou même pas effectués du tout...

GG : En Corrèze, aucun tir de prélèvement n'a jamais été autorisé par le Préfet. Les tirs de prélèvement consistent à rechercher le loup, lors de battues, afin de l'abattre. Un telle disposition n'est pas possible à ce stade en Corrèze. En revanche, plusieurs arrêtés préfectoraux autorisant des tirs de défense ont été attribués à des éleveurs victimes d'attaques du loup, afin qu'ils soient en mesure de défendre leur troupeau d'éventuelles nouvelles attaques. La difficulté réside dans le fait que les attaques se produisent la plupart du temps la nuit, et que ces tirs de défense sont ainsi assez compliqués à réaliser : moyens matériels, disponibilité de tireurs etc... L'équipe des lieutenants de louvèterie du département, notamment, a consacré beaucoup de temps et d'énergie pour la mise en oeuvre de ces tirs de défense, mais n'a pas obtenu le résultat attendu... Il faut rappeler ici que le loup est une espèce protégée, par la Convention de Berne et la directive "habitat" au niveau européen et, par voie de conséquence, par la réglementation française. La population lupine française est aujourd'hui évaluée à 920 loups (moyenne de la fourchette haute et basse). Dans le cadre des mesures de protection et de défense, la réglementation nationale a autorisé, en 2022, le tir de 19% de cet effectif soit 174 loups, et 169 loups ont effectivement été abattus au niveau national. Il faut préciser ici que, la Corrèze étant située sur le front de colonisation de la population, même si le loup "corrézien" vient à être abattu très prochainement, tout laisse à penser qu'il sera remplacé tôt ou tard par un autre...

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