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MOISSONS. Une moisson très hétérogène, menée dans des temps records

Remarquablement précoce, la moisson 2022 apparaît très hétérogène, souvent à cause de la sécheresse. En blé tendre, les rendements donnent plutôt satisfaction au nord de la Loire, pas au sud.

« L'orge de printemps semblent avoir davantage souffert du sec. C'est en revanche une bonne année pour le colza. »
« L'orge de printemps semblent avoir davantage souffert du sec. C'est en revanche une bonne année pour le colza. »
© @Pixabay

« C'est la première fois qu'on termine aussi tôt la moisson », déclare François Berson, directeur de la collecte chez Soufflet. Implanté sur un large croissant de Rouen à La Rochelle et Metz, le négociant compte seulement quelques zones encore à récolter, en Normandie et Picardie. « Quinze jours non-stop » résument la collecte 2022, qui s'est passée de façon régulière grâce à une météo stable. Les agriculteurs ayant pu finir leurs journées assez tôt, « il n'y a pas eu de pic d'activité » dans les silos, d'après lui. Même plus au nord, la récolte s'achève. « Toutes les céréales seront rentrées fin juillet, du jamais vu », salue-t-on chez Advitam, coopérative des Hauts-de-France, davantage habituée à des travaux s'achevant mi-août. « Correcte » en volume, la moisson se caractérise aussi par « une très grande hétérogénéité avec de forts écarts de rendement pour de nombreuses cultures », affirme dans un communiqué Jean-François Loiseau, président d'Axéréal qui s'étend de la Beauce à la Touraine et au Nivernais. La sécheresse a pénalisé les terres peu profondes, quand celles disposant d'une plus grande réserve utile en eau s'en sont mieux sorties.


Blé tendre : « décevant au sud et rassurant au nord »
La récolte de blé tendre « déçoit au sud et rassure au nord », a indiqué le 26 juillet la société de conseil Agritel, livrant une estimation de 33,44 millions de tonnes (contre 32,9 Mt prévu par le ministère au 1er juillet) en baisse de 2 Mt par rapport à 2021. « Un gradient allant du sud vers le nord se dessine » en termes de rendements du blé tendre, selon le directeur général Michel Portier, cité dans un communiqué. Ils « déçoivent fortement » au sud de la Loire. Tandis qu'au nord de la Loire, « le printemps sec laissait craindre le pire mais les pluies tardives du mois de juin ont sauvé la situation. » Agritel table sur 71,1 q/ha en moyenne nationale, un rendement inférieur de 0,9 % à la moyenne sur dix ans. Le gel, la sècheresse, la grêle, de fortes températures ont touché le territoire à des degrés divers. Résultat, « une très grande hétérogénéité de rendements est enregistrée au sein même des exploitations selon les types de sols, les précédents [culturaux] et les variétés », d'après le communiqué. Les critères qualitatifs sont bons dans l'ensemble, mis à part quelques zones précoces affectées par les pluies de juin, indique Agritel. « Seuls les taux de protéines sont parfois un peu faibles au nord de la Loire. » Divers facteurs ont joué, notamment « une réduction des doses [d'engrais] en raison des prix records de l'azote ».


Blé dur : des hauts et des bas
Des échos très divers circulent au sujet du blé dur. Océalia, entre Poitou-Charentes, Dordogne et Limousin, se monte déçue par la récolte. Le rendement est annoncé entre 47 et 48 q/ha (contre 60 q/ha en moyenne). Autre point noir, le taux de mitadin est élevé, de 25 à 30 % (contre 15 % habituellement), en lien avec « un système végétatif desséché au moment des orages fin juin ». Un peu plus au sud, la coopérative Val de Gascogne signale un rendement « moyen », de 55 q/ha. La qualité est bonne, mis à part le poids spécifique (PS), généralement entre 77 et
78 kg/hl mais pour lequel des lots se situent « un point au-dessous ». « 70 % de la récolte est intervenue avant les pluies, laissant très peu de mitadin, pas de moucheture », indique le directeur de la commercialisation et collecte Denis Mousteau. Pas de souci en revanche du côté d'Axéréal, au bassin de production le plus septentrional, qui note « un rendement supérieur à la moyenne », dans une fourchette allant de 50 à 85 q/ha, selon le communiqué.


De bons calibrages en orges
En orge d'hiver, les rendements sont jugés bons chez Soufflet « par rapport à d'autres cultures moins avancées dans le calendrier », analyse François Berson. 60 q/ha sont signalés en zones intermédiaires et entre 80 et 85 q/ha dans les bonnes terres. Le calibrage, qui donne une estimation du rendement en brasserie, est jugé correct, se situant à 81 % et le taux de protéines, très bon, à 10,4 %. Même satisfaction du côté de Vivescia, avec 75 à 80 q/ha (+5 q/ha comparé à la moyenne quinquennale), un calibrage de 87 %, un taux de protéines entre 10,5 et 11 %. L'orge de printemps a plus souffert de la sécheresse. Non pas les cultures semées à l'automne, qui montrent des rendements satisfaisants comme chez Soufflet, à
85 q/ha. Semées au printemps, leur rendement chute, entre 25 et 35 q/ha (contre une moyenne autour de 60 q/ha). La qualité est cependant au rendez-vous, avec un calibrage exceptionnel à 95 %, un taux de protéines globalement bon. Ce n'est guère mieux pour Vivescia, dont les rendements se situent entre 45 et 50 q/ha (contre 65 à 70 q/ha,) mais avec des taux de protéines à 11,6 %, supérieurs à la norme de 11,5 %.


Une bonne récolte en colza
L'institut technique Terres Inovia évoque une bonne récolte de colza, comprise entre 4,3 et 4,4 millions de tonnes (contre moins de 4 Mt estimé par le ministè re au 1er juillet), avec un rendement national proche de 36 q/ha. Des records sont annoncés en Normandie, entre 40 et 45 q/ha (contre 35 q/ha), Île-de-France, à 40 q/ha (contre 35 q/ha), Champagne-Ardenne, à 41 q/ha (contre 33 q/ha en moyenne décennale), également de belles performances en Lorraine, Franche-Comté, ainsi qu'en Bourgogne, à 33
q/ha (contre 30 q/ha), en Centre-Val de Loire, à 36 q/ha (contre 33 q/ha). C'est en revanche la déception du côté des Pays de la Loire ou de Poitou-Charentes, l'ancienne région affichant 30 q/ha (contre 32 à 35 q/ha), avec aussi une hétérogénéité des rendements, qui tombent à 18 q/ha mais grimpent parfois jusqu'à 45 q/ha dans les terres profondes (un chiffre qui peut être surestimé, selon la prise en compte ou non des surfaces grêlées). « Si la sécheresse a touché la plupart des régions, il y a eu une longue floraison, favorable au nombre de siliques et surtout au nombre de grains, explique-t-on à l'institut. De petites pluies en fin de cycle ont permis d'exprimer le potentiel dans des terres suffisamment profondes. »

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